À la une de l'Antivol

Publication de L’Antivol-papier n° 18, avril-juin 2025

Nous avons le plaisir de vous annoncer que le nouveau numéro de L’Antivol-papier, correspondant au deuxième trimestre 2025, vient de paraître. Il est toujours gratuit et contient des articles qui, nous l’espérons, vous intéresseront autant que les précédents.

Florilège de l’immonde

Publié début avril 2025, le rapport de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale « relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité », devrait logiquement faire date tant il s’avère documenté, riche d’analyses et exigeant. On pourra le télécharger dans son intégralité en fin d’article ou commencer par en lire cet extrait, édifiant...

Collectif

Publié début avril 2025, le rapport de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale « relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité », devrait logiquement faire date tant il s’avère documenté, riche d’analyses et exigeant. On pourra le télécharger dans son intégralité en fin d’article ou commencer par en lire cet extrait, édifiant...

Des témoignages résolument accablants nous sont parvenus, qui montrent tous ou presque le continuum de violences qu’ont subi les victimes, souvent dès leur formation, mais aussi le sexisme ambiant qui autorise toutes les dérives et qui s’accompagne, à l’égard des personnes perçues comme non-blanches, d’un racisme latent. Qu’il s’agisse de ce professeur en classe préparatoire Cinéma qui qualifie une scène de viol de « plus belle scène damour jamais vue » ; du directeur de production qui lance à un réalisateur, à propos d’une scripte : « tu peux lengager elle, elle est pas chiante ! » ; du réalisateur qui indique à la scripte un matin : « je préférais comme tétais habillée hier » ; du second assistant caméra qui répond à la scripte qui lui demande une information technique : « je te donne le nombre de gigas si tu me suces » ; du scénariste césarisé qui propose des conseils à une étudiante de la FÉMIS en échange d’une fellation ; du directeur de collection qui demande à un jeune scénariste « quand est-ce que tu me suces ? » ; du chef opérateur qui demande à la scripte ses positions sexuelles préférées ; de celui qui demande à une actrice racisée si elle « [couche] aussi avec des blancs » ; de la cheffe décoratrice qui répond à une régisseuse harcelée moralement que « le harcèlement, ça nexiste pas, cest comme MeToo, cest un effet de mode » ; du producteur qui refuse de recourir à un coiffeur formé pour un acteur racisé, qui devra donc s’occuper lui-même de ses cheveux pendant le tournage ; de cette maquilleuse qui proposera à cette actrice racisée un fond de teint qui doit lui aller puisque c’est « le même que celui de Firmine Richard » ; du critique de cinéma qui lance à sa jeune collègue « tu ressembles à une actrice porno [...] assise comme ça au milieu de la pièce, tu pourrais te faire gangbang par tout le monde » ; du rôle principal qui plaque une stagiaire contre un mur et essaye de la toucher ; du réalisateur qui demande à une actrice de passer un casting en utilisant son vibromasseur ; du directeur de casting qui invite de jeunes comédiens au théâtre dans la perspective d’un possible rôle et leur touche par surprise le sexe pendant la pièce ; de celui qui met au défi une jeune actrice de se mettre un œuf dans le vagin, pour démontrer son talent ; du directeur d’un célèbre festival de musique qui demande à l’oreille d’une jeune artiste qui vient de se produire, sans lui avoir jamais parlé, en lui caressant la main, « tu as mouillé ta culotte avant de monter sur scène ? »; du comédien qui embrasse par surprise une comédienne pendant une scène, puis regardera au « combo » la scène intime qu’elle tourne ensuite, alors qu’il n’a rien à faire à ce poste ; de la professeure de théâtre qui demande à une élève de mimer une fellation ; du réalisateur qui lance, à la cantonade, que « tout le monde veut toucher [le] beau cul » de telle actrice ; de l’acteur principal d’un film qui n’interpelle une actrice qu’en faisant référence à ses seins ; du milliardaire qui, avec la complicité d’un réalisateur connu dont il finance les films, harcèle une jeune mannequin rêvant de devenir actrice ; de cet écrivain et réalisateur qui lance publiquement à l’actrice qui a refusé ses avances sexuelles plus qu’insistantes : « Tes une merde, une petite pute ; je les connais, les salopes dans ton genre qui veulent réussir ; tu ne tapproches plus de moi et de mes amis » ; de ce réalisateur qui invite une actrice à venir dessiner dans sa chambre, puis la harcèle ensuite pendant toute la durée du tournage, en lui enjoignant notamment, en public, d’aller se « laver la chatte » ; du professeur de flûte d’une école de musique qui incite une élève à jouer « un peu plus pute [...] comme si de la confiture dégoulinait de [son] décolleté » ; du comédien qui convoque l’assistante à la réalisation sous de faux prétextes, et la reçoit dans sa loge le pantalon baissé ; de cet autre comédien qui a pour habitude de se promener nu sur le plateau ; de l’animateur star d’une matinale radio qui demande à sa co-animatrice si elle a « déjà mis ses gros doigts dans son gros cul » et si elle a la « chatte acide » ; de ce producteur qui harcèle une jeune technicienne en étant sous l’emprise de toxiques à un pot de tournage ; de ce réalisateur qui caste toutes les actrices de Paris sur une scène où il doit leur embrasser les seins, dont il insiste pour filmer l’aréole ; du réalisateur qui attrape les seins de « sa » scripte ; du comédien qui plaque une jeune assistante contre un mur dans un couloir désert pour l’embrasser de force ; du figurant qui profite d’une scène de danse maintes fois répétée pour toucher sa partenaire, qui ne le dénoncera pas de peur que la scène ne soit plus « raccord » ; du réalisateur qui filme la vulve d’une comédienne après son refus express, et utilise les images dans la bande-annonce du film ; du comédien qui soulève le haut d’une maquilleuse ; de ce professeur de danse qui lance des chaises sur ses élèves lorsque ses consignes ne sont pas appliquées ; du directeur de production qui continue d’embaucher son ami technicien suspecté de viol ; du comédien qui, sous couvert d’improvisation, met son pouce dans la bouche de l’actrice en la traitant de « salope » ; de cet acteur qui profite d’une scène d’intimité pour mettre le sein de l’actrice dans sa bouche ; de l’animateur radio qui mord jusqu’au sang les fesses d’une collègue au travers de ses habits ; de l’animateur télé qui mord jusqu’au sang la bouche de sa collègue ; du producteur d’une émission de radio qui, sous couvert d’incarner un satyre, se frotte lascivement, de force, contre une collaboratrice, sous le regard médusé de ses collègues ; de ce musicien qui tente de violer une fan dans le bus de tournée, celle-ci étant sauvée in extremis par le chauffeur qui la dépose sur une aire d’autoroute ; du réalisateur qui tente de violer une jeune stagiaire en lui faisant miroiter des essais avec un directeur de casting influent ; du producteur qui tente de violer l’assistante mise en scène dans les locaux de la production ; du machiniste qui s’introduit dans la chambre de l’assistante-scripte et tente de la violer ; de l’acteur de théâtre qui viole une stagiaire en l’attirant à son domicile, où sa femme et ses enfants sont supposés l’attendre ; de l’assistant réalisateur qui prétexte un rendez-vous pour des essais et impose une fellation à un jeune acteur ; du chef opérateur qui viole la jeune technicienne qu’il héberge lors d’un tournage ; du journaliste qui viole le jeune pigiste qu’il héberge à son arrivée à Paris ; de l’acteur qui, lors d’une scène d’intimité sous un drap, viole sa partenaire ; de la jeune critique de cinéma violée par un critique d’âge mûr lors d’une soirée en marge du festival de Cannes ; etc. etc. etc. 

(…) Cette liste, déjà longue, est hélas inépuisable et n’est qu’un échantillon des témoignages que la commission d’enquête a reçus. Cet échantillon lui-même ne représente vraisemblablement qu’une infime partie de la réalité, compte tenu de l’extrême réticence à parler que nous avons pu constater au cours de nos investigations. Beaucoup de victimes n’ont pas souhaité témoigner dans le cadre d’une audition, même à huis clos, même de façon totalement anonyme, tant les répercussions sur leur vie professionnelle pourraient s’avérer majeures, et nous livraient pourtant leur témoignage par téléphone ou par mail. 

Rapport fait au nom de la Commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité, Document AN n°1248, 2 avril 2025, 660 pages, p. 19-22.
Pour télécharger le rapport

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