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« Pousse camarade » : une chanson occitane pour la lutte et la liberté
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Par Lou Hubert
« Es sus la Talvera qu’es la libertat ! ». « C’est sur la Talvera – bordure d’un champ qu’on ne laboure pas – qu’est la liberté ! » Telle est l’identité politique et musicale que se donne le groupe occitan La Talvera. En 2020, ce groupe qui reprend le répertoire traditionnel occitan et compose ses propres chansons, sort « Buta butèrna » (« Pousse camarade »). Par ses paroles, il nous invite à la lutte politique en faisant référence aux combats passés et à la destruction actuelle de nos biens communs. À travers la symbolique de la barricade qui structure le refrain, la force de la chanson réside dans la quête de l’égalité et de la liberté et elle est spécialement dédicacée à « tous les combattants qui luttent sans masques ni mascarade contre toutes les dictatures. »
Lo mèrle sus l'albar cacalassa de rire
Ò escota-me plan ò escota-me pro
Que duèi la Republica camina a recuolons
Ò escota-me pro ò escota me plan
Que duèi la Republica fa pas que recuolar.
An començat dapàs sens declarar la guèrra
Mentre que dormissiam an fach que desmargar
A pichons còps d'enganas, totjorn a l'amagat
Tenon manjats los dreits, degun se'n maina pas.
En brandissent la paur de l'insecuritat.
Tenèm las barricadas
Buta butèrna e buta plan
Que non passaràn pas.
En quilhant naut lo punh anavan a la batèsta
Per un pauc de progrès ò quantes son tombats
Tuats o ben nafrats, preses o exiliats
Tantes an resistit ò paura umanitat
Tot çò qu'avián ganhat lo nos tenon panat.
Que sortissián del cròs e de totes los caires
N'ai l'arma que me dòl pas que de ie pensar
Roges venon los ròcs al mur dels federats.
Ren los fasiá tremblar los fasiá recuolar
Per trenta de tombats èran un milierat.
Tenèm las barricadas
Buta butèrna e buta plan
Que non passaràn pas.
Qu'avián tant batalhat a còps de mutualas
Pendent la garramanha avèm vist lo çaganh
La paur e las maganhas lo manca de mejans
Quant a las libertats l'ideal d'egalitat
Tot çò qu'avián margat ba nos tenon raunhat.
Lo tenon efaçat a pichons còps d'esponga
Quant a la retirada ara ne vòlon far
Una manna novèla a capitalizar
Coma d'ases bastats nos vòlon far trimar
E d'aquel temps los joves devon anar puntar.
Tenèm las barricadas
Buta butèrna e buta plan
Que non passaràn pas.
Que sabon acaissar amb la dent policièira
E per los deputats an pas que de mesprés
Los sabon far calar quand caminan pas drech
Usan per governar lo quaranta-nòu tres
Aquò's la Republica de l'estat francés.
Avèm trop endurat ton discors ta morala
Lo teu temps es comptat te cal partir sul còp
Sols los banquièrs pauròt ploraràn sus ton sòrt
E s'un autre caluc vòl faire coma tu
Lo sacarem defòra coma anam far per tu.
Tenèm las barricadas
Buta butèrna e buta plan
Que non passaràn pas.
Le merle sur le saule s’esclaffe de rire
Oh écoute-moi bien, écoute-moi suffisamment
Aujourd’hui la République chemine à reculons
Oh écoute-moi bien, écoute-moi suffisamment
Aujourd’hui la République ne fait que reculer.
Ils ont commencé doucement sans déclarer la guerre
Pendant que nous dormions, ils n’ont fait que démolir
A petits coups de tromperie toujours en cachette
Ils grignotent nos droits personne ne s’en rend compte
En brandissant la peur de l’insécurité.
Pousse camarade et pousse bien, ils ne passeront pas.
En levant haut le poing ils allaient à la bataille
Pour un peu de progrès ô combien sont tombés
Tués ou bien blessés, emprisonnés ou exilés
Nombreux ont résisté ô pauvre humanité
Tout ce qu’ils avaient gagné ils sont en train de nous le voler.
Qui sortaient des puits et de tous les recoins
Mon âme me fait mal rien que d’y penser
Rouges deviennent les pierres au mur des fédérés
Rien ne les faisait trembler ne les faisait reculer
Pour trente qui tombaient ils étaient un millier.
Pousse camarade et pousse bien, ils ne passeront pas.
Qu’ils avaient bataillé longtemps à coups de mutuelles
Pendant l’épidémie on a vu le bazar
La peur et les difficultés par manque de moyens
Quant aux liberté, l’idéal d’égalité
Tout ce qu’ils avaient bâti, ils sont en train de le ronger.
Ils sont en train de l’effacer à petits coups d’éponge
Et quant à la retraite ils veulent maintenant en faire
Une manne nouvelle à capitaliser
Tels des ânes bâtés ils veulent nous faire trimer
Pendant ce temps les jeunes doivent pointer au chômage.
Pousse camarade et pousse bien, ils ne passeront pas.
Qu’ils savent réprimer avec la dent policière
Et pour les députés ils n’ont que mépris
Ils savent les faire taire quand ils ne marchent pas droit
Ils se servent pour gouverner du 49.3
Voila la république de l’Etat français.
On a assez supporté ton discours et ta morale
Ton temps est compté il faut te partir de suite
Seuls les banquiers mon pauvre pleureront sur ton sort
Et si un autre fou veut faire comme toi,
Nous le mettrons dehors comme nous ferons pour toi.
Pousse camarade et pousse bien, ils ne passeront pas
Pousse camarade et pousse bien, nous tenons les barricades
Pousse camarade et pousse bien, ils ne passeront pas.
*La Talvera, extrait de l’album « A tu vai », décembre 2020 – Paroles et musique : Daniel Loddo
**Le premier couplet fait allusion au merle moqueur de la chanson "Le temps des cerises" de Jean-Baptiste Clément composée en 1866.
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